BOIRE UN HAÏKU C'EST AGRÉABLE
Jardin japonais
un tantinet à l’anglaise
tel est mon jardin
Nuit dans la montagne
cette musique des sphères
musique de chambre
D’effleurer mon nez
quelle mouche t’a piqué
parfum dans la nuit
Journée sur les crêtes
s’accrochant à ma moustache
la mer de nuages
l’ombre de l’arbre
que tu as planté
Un météorite
déchire la nuit en deux
tout est si paisible
Qui nous fermera
les yeux — qui nous donnera
le dernier baiser
Il faut le savoir
il y a sous le roncier
un si doux griffon
C’est plus qu’un pavé
un sacré menhir — Montaigne
dans le sac à dos
52.
Je dois être un sage —
le noir que je broie j’évite
d’en mettre partout
La pomme perdue
là où je l’ai tant cherchée
elle est apparue
sur la table de chevet
un vieux Chasse-spleen
Vieille humanité
que la mienne — lampe à suif
la lune d’hiver
Il s’en moque bien
l’enfant du froid — toboggan
la pente enneigée
Pas même un remous
un grand duc s’est envolé
sous la voie lactée
Abruptes congères
barrant le col — les oiseaux
s’y cassent les dents
Égal à lui-même
devant l’hiver qui s’avance
l’homme des montagnes
Le pays natal —
je voudrais bien le quitter
dans l’herbe allongé
Perchés sur l’auvent
deux oiseaux jusqu’à point d’heure
s’inquiètent du monde
L’heure de la sieste
le monde vous appartient
petits papillons
La bouche fardée
l’enfant dans les framboisiers
cesse de parler
On la voit de loin
dressée dans le sous-bois
l’insolente arnica
Brouillard et crachin
la voilà bien dépeignée
la fleur de prunier
tout l’hiver dans la pensée
la fleur de lilas
37.
et le chant de la cognée
seul dans la forêt
36.
Il est toujours là
solide comme un vieux frère
le vieux pin noueux
Dans le bol de lait
les mouches s’y sont noyées
la tête du chat
Comment voles-tu —
on t’a vu au bar hier soir
petit papillon
Vos chamailleries
rendent le monde meilleur
beaux papillons blancs
On ne l’entend pas
mais son parfum n’est qu’un cri
la menthe coupée
Il nous faut un lieu
pour bannir la confusion
et une formule
Un butin d’enfance
un tas d’étoiles filantes
et un ver luisant
L’odeur de fumée
dans le petit jour frisquet
le trait bleu d’un geai
Il est tout cela
thébaïde et tour d’ivoire
mon vieil ermitageLe petit torrent
murmure dans l’infini
clame l’or du temps
Elle écrase tout
la chaleur — tout flagada
mon chapeau de paille
Qui tinte qui tinte
sonnaille dans la montagne
grande paix du soir
Comme un grand serpent
la houle des graminées
poursuivant le chat
Au bord de la mare
approchant à pas de loup
reinette es-tu là
Avec les étoiles
une nuit à discuter
la faute à vodka
Sans un papillon
il semble bien solitaire
l’arbre à papillons
Un calme parfait
le chant d’un rossignol et
du griffon le charme
La pierre a roulé
sous mon pied — la vie aussi
roule sous mon pied
Aller lentement
c’est tout ce à quoi j’aspire
petit escargot
Ce premier café
l’aube et moi le partageons
dans le même bol
Ruisseaux en débâcle
partout où posent les pieds
la botte trouée
Les gens de la ville
tuant de mon ermitage
la frêle araignéeVol des migrateurs —
orchestré comme un congrès
du P.C Chinois
l’enfant sur sa bicyclette
leur souffle dessus
instables et capricieux
pareils à des gués
4.
Craquement du feu
l’odeur amie du café
là-bas c’est ici
occupés pareillement
mon cheval et moi
2.
Je cligne des yeux
la luciole et la rosée
sous la voie lactée
trop de lumière peut-être
petit papillon