Des cadavres froids comme la vengeance
"D’amour et de haine”, une nouvelle enquête du capitaine Revelli signée Christian Di Scipio, membre du jury des Vendanges littéraires. À déguster la tête au frais.
Editions Trabucaire, Perpignan. Collection Seria Negra, 284 pages, 13 €.
Il y a des personnages de fiction qui se bonifient en vieillissant. Le capitaine Revelli du commissariat de Perpignan est de ceux-là. Dans “Sang et orri”, son premier opus, Christian Di Scipio avait inventé un flic bourru à l’humour discutable. Avec cette nouvelle enquête, Michel Revelli est moins “flic solitaire”. On lui découvre une femme et deux grandes filles et ses relations avec sa jeune inspectrice en deviennent du coup plus paternelles. Même si son humour est toujours aussi discutable. Surtout si vous êtes un pandore : car Revelli n’aime pas les gendarmes et le fait savoir. Pour autant, il doit faire avec eux lorsque l’on découvre un joueur de l’USAP égorgé sur le parking d’un club échangiste. Avant de trouver le corps d’un VTTiste sur les pentes de Forca Réal. Et celui d’une jeune caissière sur les bords de la Loire à Orléans… Tous ont des traces de la “drogue du viol” dans le sang… mais ne l’ont pas été (violés). Bizarre, bizarre !
Comme dans un épisode de Barnaby, les cadavres s’entassent dans le plus grand désordre. Du moins pour Revelli. Car le lecteur a lui une longueur d’avance et comprend vite que les victimes ne sont peut-être pas toutes innocentes.
Construit depuis plusieurs points de vue (un journaliste de l’Indépendant, un flic d’Orléans, sans oublier une étrange “voix off”), ce polar bien ficelé permet aussi de découvrir la Catalogne de l’intérieur avec ses haines rances mais aussi ses amours flamboyantes.
Carole Vignaud