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Publié par Bernard Revel

Tout Claude Simon dans la Pléiade

« Œuvres »

Bibliothèque de la Pléiade, n° 522, 1664 pages. Parution le 16 Février 2006

Edition préparée par Jean H. Duffy et Alastair B. Duncan

Ce volume contient : Le Vent. Tentative de restitution d'un retable baroque - La Route des Flandres - Le Palace - La Chevelure de Bérénice [Femmes] - La Bataille de Pharsale - Triptyque - Discours de Stockholm - Le Jardin des Plantes. Appendices : Deux écrits de Claude Simon sur le roman - Textes, plans et schémas de Claude Simon, relatifs à ses romans. Un texte de Mireille Calle-Gruber : « Le Récit de la description ».

« Œuvres II »

Bibliothèque de la Pléiade, n° 586, 1712 pages. Parution le 14 Février 2013
Edition préparée par Bérénice Bonhomme, Alastair B. Duncan, David Zemmour

Ce volume contient : L’Herbe, Histoire, Les Corps conducteurs, Leçon de choses, Les Géorgiques, L’Invitation, L’Acacia, Le Tramway ; deux textes non publiés en volume du vivant de Claude Simon : Archipel, Nord ; Appendices : textes, plans et schémas de Claude Simon, relatifs à ses romans ; Notices, Note sur les cartes postales d’Histoire, notes, complément bibliographique.

Dessin de Claude Simon : ce qu'il voyait de sa table de travail à Paris. (© Réa Simon)

Dessin de Claude Simon : ce qu'il voyait de sa table de travail à Paris. (© Réa Simon)

Six mois seulement après la mort de Claude Simon, survenue le 6 juillet 2005, la publication en un volume de la Pléiade de sept romans qu’il avait lui-même choisis, mettait à sa juste place une œuvre majeure de la seconde moitié du vingtième siècle, couronnée par le prix Nobel de littérature en 1985. L’universitaire britannique Alastair B. Duncan à qui l’écrivain, alors âgé de 89 ans, avait fait appel pour diriger ce travail, s’attachait, dans une introduction limpide, à démontrer combien ces textes réputés difficiles devenaient accessibles dès lors qu’on en acceptait la logique. Une démarche que complètera quelques années plus tard de façon magistrale Mireille Calle-Gruber dans sa biographie « Claude Simon, une vie à écrire » (1).

Examinant le chef d’œuvre qu’est « Le Route des Flandres », Alastair B. Duncan montre comment Claude Simon donne « forme » à sa vision de la guerre et change en même temps notre « façon de voir le monde ». Cet écrivain discret qui, dans une notice biographique précisait qu’il « réside à Paris, et une partie de l’années à Salses, dans les Pyrénées-Orientales », n’avait rencontré jusqu’au Nobel, selon ses propres mots, qu’ « une audience des plus restreintes ». « Pendant trop longtemps, l’univers des romans de Claude Simon est resté méconnu, écrit Alastair Duncan. La réception n’a pas été à la hauteur de l’œuvre ». Cela s’explique en partie par le malentendu du Nouveau roman, « bannière commode » trop réductrice pour l’auteur du « Vent ». Une « critique théorisante… a effrayé les lecteurs en employant un vocabulaire qui, en se voulant précis, devenait souvent rébarbatif ».

Mieux perçu à l’étranger, Claude Simon fut, en France, un Nobel inattendu et éreinté du reste par une partie de l’intelligentsia. Mais le public, grâce au « Tramway » est enfin venu à son œuvre. L’intérêt majeur du texte de Duncan est de montrer avec rigueur et simplicité l’évolution de l’écriture de Claude Simon. Les « livres d’apprentissage » (« Le Tricheur », « La Corde raide », « Le Sacre du Printemps »), marqués par l’analogie des destins et la force visuelle du souvenir, annoncent les romans à venir. Avec « Le Vent, Tentative de restitution d’un retable baroque », l’œuvre prend son envol. Il s’agit bien, comme pour « L’Herbe » et « La Route des Flandres » plus tard, de tenter, ainsi que l’indique le sous-titre, d’approcher, à travers « mille et une versions », une histoire vécue ou imaginée. Inlassablement, Claude Simon cherche à « rendre la perception confuse, multiple et simultanée du monde ». Il voit très vite les limites de la méthode : « Je ne pense pas qu’on puisse "reconstituer" quoi que ce soit, écrira-t-il. Ce qu’on constitue, c’est un texte, et ce texte ne correspond qu’à une seule chose : à ce qui se passe en l’écrivain au moment où il écrit ».

C’est le travail de l’écriture, le langage qui viennentt alors au premier plan : une voix et des descriptions qui s’entremêlent. « Une prose qui se rapproche de la poésie » et dont les mots sont pour lui « autant de carrefours où plusieurs routes s’entrecroisent ». « Le Palace », « Histoire », « La bataille de Pharsale » : « Les romans de Simon sortent tous les uns des autres », note Duncan. L’homme et la nature y sont sur le même plan. Tout l’art de l’écrivain est dans la manière de les décrire et de les raconter.

Avec « Les Géorgiques », « L’Acacia », « Le Tramway », Claude Simon cherche dans « le brouillard de la mémoire » l’histoire de sa famille marquée par les guerres. « Ainsi la guerre amène le tournant, constate Duncan. Elle révèle la finalité de la vie du fils et, de même, donne un sens à la vie de ses parents. En fin de compte, leurs trajectoires auront servi à produire le romancier qui à son tour leur a donné vie ».

Au centre de ces romans figure « une ville du Midi de la France », « une ville du Sud ». Cette ville est nommée dans le second livre de Claude Simon qu’il n’a jamais voulu faire rééditer : « Enfin, tout cela s’effaça devant l’image du rideau de tulle de la fenêtre de ma chambre à Perpignan, gonflé par le vent ».

Bernard Revel

(1) Mireille Calle-Gruber, prix Jean-Morer 2013 pour cette biographie de Claude Simon, présentera son livre aux Vendanges littéraires de Rivesaltes le 5 octobre prochain. Lire aussi dans ce blog le texte de Chantal Lévêque : « Le Claude Simon de Mireille Calle-Gruber ».

La classe de 5e du collège François Arago de Perpignan lors de l'année scolaire 1924-1925. Claude Simon est assis par terre à gauche. Sur la même ligne, à l'autre extrémité, un élève blond  qui deviendra célèbre : Charles Trenet.

La classe de 5e du collège François Arago de Perpignan lors de l'année scolaire 1924-1925. Claude Simon est assis par terre à gauche. Sur la même ligne, à l'autre extrémité, un élève blond qui deviendra célèbre : Charles Trenet.

Claude Simon - Rencontres

à Perpignan les 9-10-11 octobre

Journées d'études et manifestations culturelles dans le cadre du centenaire à l'Université de Perpignan, à la librairie Torcatis et à la Maison de la Catalanité.

Entrée libre

(Programme détaillé ci-dessous)

Dessin de Claude Simon : ce qu'il voyait de sa table de travail à Salses. (© Réa Simon)

Dessin de Claude Simon : ce qu'il voyait de sa table de travail à Salses. (© Réa Simon)

Tout Claude Simon dans la Pléiade
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