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Publié par Bernard Revel

Carbone, alias Bénédicte Carboneill, scénariste de bandes dessinées, prix Jeunesse des Vendanges littéraires pour ses albums :

- "La boite à musique" (dessins de Gijé)

- "Dans les yeux de Lya" (dessins de Justine Cunha)

(Éditions Dupuis)

 

Presque tous les ans, elle a son stand aux Vendanges littéraires de Rivesaltes, exposant ses histoires et petits romans pour enfants. L’enfance, elle la porte d’ailleurs sur son visage. Ses cheveux très courts, son sourire rafraîchissant, ses lunettes qui n’altèrent pas l’éclat des yeux, lui donnent l’air d’une bonne élève quelque peu espiègle. On pourrait penser que les apparences sont trompeuses lorsqu’on apprend que Bénédicte Carboneill qui vit à Millas, a accompli une carrière d’enseignante qu’elle termina tout récemment comme directrice d’école maternelle à Perpignan. Mais cette mère de trois enfants, devenue depuis peu scénariste de bandes dessinées pour la jeunesse, a vraiment la tête de l’emploi. Si sa vocation première fut l’éveil des tout-petits, elle la cultive à présent par d’autres moyens en leur apportant des rêves qui les font grandir. L’enfance dont son visage est le reflet lui inspire des histoires qui ont séduit les éditions Dupuis et sont devenues en moins de deux ans des bandes dessinées à succès qu’on peut lire dans Spirou ou dans des albums dont le rythme de parution atteste de son imagination fertile.

Emportée dans une spirale aussi soudaine que grisante, Bénédicte, connue désormais sous le pseudonyme de Carbone, vole de salons en festivals à travers la France et la Belgique, à la rencontre de ses fans de plus en plus nombreux.

Elle qui dit être attirée plutôt par les intrigues policières, a pourtant été révélée au grand public par une histoire fantastique dont l’héroïne principale pourrait être la petite cousine d’Alice au Pays des merveilles et de la Dorothée du Magicien d’Oz. Car Nola, du haut de ses 8 ans, traverse aussi le miroir à la découverte d’un autre monde, Pandorient, contenu dans une boite à musique qui lui vient de sa mère décédée.

« La boite à musique » a déjà donné lieu à deux albums en attendant le troisième qui paraît début octobre. Avec Andréa et Igor, ses nouveaux amis qui, grâce à leur « œil de cœur » l’ont attirée dans l’inquiétant royaume d’Hectorian 1er, Nola se lance dans des aventures peuplées d’êtres cauchemardesques mais pas forcément méchants. Quoique…

Le récit de Carbone porté par les dessins de Gijé (ci-dessus) dont le trait expressif, dans un style classique tirant vers le manga, souligne l’intensité dramatique des situations, est parsemé d’épreuves qui tiennent en haleine les jeunes lecteurs. S’il les fait également sourire, il n’en est pas moins matière à réflexion sur des sujets aussi graves que le deuil, la maladie ou le racket. La scénariste s’est enfin amusée à inventer des mots nouveaux pour ce peuple où les médecins se nomment « guérimaux », les magiciens « merlinois », où se côtoient « percecoeurs », « octopodus » et autres « bidilunes ». Après avoir sauvé Pandorient, Nola reprend le passage qui la conduit dans l’hexamonde, c’est-à-dire le nôtre, le sien où elle retrouve son papa bien aimé. En attendant de retourner dans la boite pour de nouvelles aventures que nous espérons nombreuses et tout aussi captivantes. 

Si Carbone s’est essayée avec succès au fantastique, elle n’en néglige pas pour autant son thème de prédilection : le polar. Elle signe presque en même temps deux séries, l’une, « Dans les yeux de Lya », mettant en scène une adolescente handicapée et l’autre, « Les Zindics anonymes », des enfants enquêteurs.

Victime d’un accident de la route, Lya, condamnée à se déplacer en fauteuil roulant, a décidé de retrouver l’identité de celui qui a pris la fuite alors qu’il aurait pu la sauver. Elle découvre un jour qu’un célèbre avocat a donné beaucoup d’argent à ses parents pour qu’ils renoncent à des poursuites. Lya se fait embaucher comme stagiaire dans le cabinet de l’avocat et mène son enquête avec l’aide de son ami Antoine. Elle sympathise avec Adèle la réceptionniste qui va participer à ses recherches. Le premier album se conclut par la découverte du dossier susceptible de révéler l’identité du chauffard. Il faudra attendre la sortie du deuxième épisode début 2020 pour en savoir plus. Mais le suspense continuera puisque Carbone a prévu de faire des aventures de Lya une trilogie. 

Cette série réaliste qui, à l’image de son héroïne, battante, têtue et enjouée, ne tombe pas dans la tristesse et l’apitoiement, prend forme dans les portraits en gros plan de la dessinatrice Justine Cunha (ci-contre). Visages dévorés par des yeux immenses et animés d’amusantes mimiques, les personnages évoluent dans l’univers clos de bureaux parmi des couleurs chaudes qui feraient presque oublier qu’ils vivent une histoire noire et que parmi eux, il y a peut-être un salaud qui a brisé la vie d’une jeune fille. 

L’enfance n’est pas un vert paradis. Dans les yeux de Carbone, il n’y a pas que des étoiles même si, au bout du compte, les bons sentiments finissent par triompher. La clé de son succès est dans sa parfaite connaissance du sujet : les enfants. Le public ne s’y est pas trompé, ni les jurys de plusieurs salons, notamment à Angoulême et à … Rivesaltes où elle recevra le 6 octobre prochain le prix Jeunesse des Vendanges littéraires. 

Bernard Revel

 

 

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