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Publié par Bernard revel

"Sang et orri" de Christian Di Scipio, membre du jury des Vendanges littéraires.

(Editions Trabucaire, 277 pages, 13 euros)

Christian Di Scipio, ancienne plume de l’Indépendant, chroniqueur à la Semaine du Roussillon et membre du jury des Vendanges littéraires, est un personnage haut en couleurs. Pour vous le situer, je dirais que je le verrais bien dans la cuisine des « Tontons flingueurs », entre Bernard Blier et Robert Dalban, sirotant du « brutal » en se demandant s’il y a de la pomme ou de la betterave. Non pas qu’il soit du genre picoleur. Mais en truand bon vivant et à la répartie facile, il tiendrait bien son rôle. Aussi, n’ai-je point été étonné lorsque j’ai su qu’il se lançait dans le polar. Il avait le profil.

Eh bien, à la lecture de « Sang et orri », il arrive à m’étonner quand même. Je m’attendais à une truculente pochade, style San Antonio. Pas du tout ! Ce n’est pas du brutal, c’est du sérieux. Cette histoire qui agite le « Conflent d’apparence si tranquille » commence par la découverte d’un cadavre au bord de la Têt à Prades, non loin du lycée Pau-Casals, avant de rebondir dans l’orri (refuge de berger en pierre sèche) d’un patelin perdu des Garrotxes où vivent quelques originaux, après une excursion dans l’Aude, du côté de Capendu.

De fausses pistes en troublants indices, de portraits bien trempés - ah, cette insupportable directrice du lycée et cette superbe prof révoltée aux yeux verts !- en grandioses paysages de montagne, Di Scipio nous entraîne, avec une parfaite maîtrise du récit et une bonne connaissance des réalités locales, au cœur d’une machination internationale dont les Russes tirent les ficelles.

Deux personnages particulièrement fouillés donnent tout son corps à l’intrigue : le flic et le journaliste. Le flic, c’est Michel Revelli dont « la petite moustache un peu surannée » barre le visage « d’un méchant trait poivre et sel ». Ses plaisanteries, se vante-t-il, ne font rire que lui et, en vieux lecteur de Charlie Hebdo, il divise l’humanité en deux catégories : « les cons » et les autres. Bref, un drôle de type. Timide avec les femmes qui ont de jolis yeux, il est tout aussi capable de citer Mérimée que d’écouter Adriano Celentano dans sa voiture pour se consoler d’être « de plus en plus largué » dans cette affaire qu’il finira par élucider toutefois avec de la chance, de la méthode et une stagiaire douée.

Marc Beloy, lui, marche plutôt au pif, le « flair d’un vieux scribouillard de faidiv », comme il dit. Cet ancien baroudeur devenu journaliste à l’Indep, « facho » sur les bords - « facho peut-être, corrige-t-il, mais facho humaniste ! »- et séducteur de jolie correspondante de presse à l’occasion, est un ami de Revelli. Chacun enquête de son côté mais ils se retrouveront au bout du suspense, quelque part dans les Pyrénées, pour la grande scène qui fait tomber les masques.

Gageons que leurs aventures, sous la plume tendre et ironique de Di Scipio, n’en resteront pas là.

Bernard Revel

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